Pascal Mertens est un ancien travailleur de l’usine Caterpillar, fermée définitivement en septembre 2016. Avec d’autres anciens collègues et deux artistes, ils ont créé une œuvre d’art intitulée « Résilients », exposée au BPS22, le Musée d’art de la Province de Hainaut. Une façon de laisser une trace et raconter leur histoire, à travers l’art.

« Résilients », c’est la résistance aux chocs, mais surtout une œuvre qui symbolise le travail accompli pendant des décennies. Elle représente un tourniquet « stylisé, démesuré et déshumanisé.» L’œuvre pèse un peu moins de 3 tonnes, mesure 6 mètres de haut et 3 mètres de large. Elle sera présentée dès le samedi 7 octobre au public, au BPS52. L’   immensité de cette œuvre, c’est toute une symbolique. « La perte de notre emploi chez Caterpillar, ça nous a fait tellement de mal. Il fallait qu’on arrive à représenter une œuvre à la grandeur de ce que l’on perd », raconte Pascal Mertens, avec beaucoup d’émotion. Le tourniquet c’est aussi pour exprimer la fin de leur carrière, après avoir fait le tour de leur métier.

Né à Charleroi au mois de novembre 1965, Pascal commence à travailler à l’usine Caterpillar en 1986. Après 31 année de loyaux services envers l’entreprise, c’est la fin brutale d’une carrière exemplaire. « Je sens encore la blessure au fond de moi, je  n ’ ai pas encore fait mon deuil », nous confie l’homme bientôt âgé de 52 ans. Au moment de l’annonce de la fermeture définitive de l’usine, une question s’est dessinée sur les lèvres de tous les ­ouvriers: « Qu’allons-nous faire ? » Pascal Mertens explique alors d’où lui est venue l’idée de créer une œuvre d’art : « On s’est tout de suite dit qu’il fallait qu’on reste actifs et on a décidé de fabriquer une statue représentant un arbre généalogique, avec des éléments soudés qui nous rappelaient notre travail. C’était une miniature, qui a été l’idée première du tourniquet géant qui sera exposé au musée. »

À travers cette création, cette bande d’anciens collègues a voulu raconter son histoire et celle de ceux passés avant eux. « Certains y sont même morts, écrasés ou électrocutés par des machines » explique-t-il. Et au-delà du message, l’acte a été libérateur : « Cela m’a fait énormément de bien de pouvoir placer mon énergie dans la création de cette œuvre. »

Je suis fier d’être carolo… « Ma plus grande fierté, c’est notre patois wallon et notre accent. Grâce à eux, on est reconnaissable partout où l’on va. »